
L’investiture récente de la présidence du Bureau national de la communauté musulmane des Douanes ivoiriennes, parrainée par M. Adama Bictogo, président de l’Assemblée nationale, a suscité une vague de réactions. Certains, surpris par cette initiative, y voient une atteinte à la laïcité et une dérive du principe de séparation entre l’État et la religion. Pourtant, en réalité, cette création s’inscrit parfaitement dans le cadre républicain et ne menace en rien les valeurs fondamentales de la Constitution.
La Laïcité : Un principe qui permet la liberté religieuse
Il est important de rappeler que la laïcité n’implique pas une séparation rigide et absolue entre la religion et la sphère publique. Au contraire, la laïcité garantit la liberté de conscience et permet à chaque individu, qu’il soit musulman, chrétien, animiste ou athée, de vivre sa foi librement, sans ingérence de l’État. La création de communautés religieuses au sein de l’administration publique ne contrevient pas à ce principe fondamental. Ces initiatives n’impliquent aucun financement public pour la pratique religieuse, mais visent à offrir un cadre de soutien aux fonctionnaires désireux de concilier leurs devoirs professionnels avec leurs croyances.
Renforcer la cohésion sociale par la diversité religieuse
Loin de fragmenter la société, l’existence de communautés religieuses dans des institutions publiques comme les Douanes contribue à renforcer la cohésion sociale. En effet, ces communautés offrent un espace de solidarité et d’entraide, permettant à chaque citoyen de se sentir respecté dans sa diversité. Les fonctionnaires des Douanes, comme tous les autres citoyens, ont le droit d’organiser des associations qui reflètent leurs convictions religieuses. Cela favorise non seulement l’inclusion, mais aussi le bien-être au travail en créant un environnement respectueux des différentes croyances.
La laïcité ne prône pas l’absence de religion dans les espaces publics
La laïcité ne signifie pas l’absence de religion dans les espaces publics, mais la neutralité de l’État vis-à-vis des religions. C’est pourquoi des communautés religieuses peuvent exister dans le secteur public tant qu’elles ne cherchent pas à imposer leurs croyances à d’autres et respectent les principes de la République. Il n’est pas question ici de diviser la société, mais de permettre à chaque fonctionnaire de vivre pleinement sa foi tout en respectant ses obligations professionnelles. La création de la communauté musulmane des Douanes ne crée aucun privilège, mais œuvre pour une plus grande inclusion et une meilleure intégration des citoyens dans leur environnement de travail.
L’égalité des citoyens : Une valeur inviolable
Contrairement à ce qui a été suggéré, la présence de communautés religieuses dans l’administration ne mène pas à des discriminations. En effet, le principe d’égalité des citoyens demeure intact. La Constitution de notre pays garantit l’égalité devant la loi, indépendamment des croyances religieuses. La création d’une communauté musulmane dans les Douanes ne porte aucunement atteinte à ce principe. Il s’agit plutôt d’une reconnaissance de la diversité et d’une réponse aux besoins spécifiques des fonctionnaires musulmans qui souhaitent pratiquer leur foi dans le respect des règles professionnelles.
Un pas vers L’unité plutôt que la division
Loin de diviser, cette initiative peut au contraire servir à unir. En permettant à chaque croyance de trouver un espace d’expression au sein des institutions publiques, nous favorisons le dialogue et la tolérance. La création de cette communauté religieuse n’est pas un acte de communautarisme, mais un choix qui va dans le sens de l’intégration des individus dans un espace public respectueux de leurs identités et de leurs croyances.
En conclusion
Il est crucial de ne pas confondre la laïcité avec une restriction injustifiée de l’expression religieuse dans l’espace public. La création d’une communauté musulmane des Douanes est une initiative louable qui respecte les principes de liberté et d’égalité. Elle reflète l’engagement de l’État à créer une société inclusive, où chaque citoyen peut vivre pleinement sa foi tout en contribuant au bien-être collectif. Cette démarche ne constitue en aucun cas une menace pour la laïcité, mais bien un enrichissement de notre modèle républicain, fondé sur la liberté, l’égalité et la fraternité.
Par Adam Taleeb